Approche psychologique des personnes âgées

Publié le par Adrien Charles

 

Approche psychologique des personnes âgées

(Florence Zerillo)

 

Ouvrages :

- Gérontologie et société, n°96, mars 2001, animation et gérontologie

- Le corps vécu chez la personne âgée et la personne handicapée, Ancet

 

Introduction

 

On parle de personnes âgées à partir de 65 ans. Le vieillissement est un phénomène démographique récent est important. Les causes sont multiples : progrès médicaux, conditions de vie et du travail (notamment depuis la 2nde guerre mondiale).

L’intérêt de connaître au mieux les caractéristiques physiques et psychologiques des personnes âgées, c’est de pouvoir leur permettre de s’épanouir dans leur environnement. Cependant, le vieillissement est loin d’être le même pour tous, et on distingue d’ailleurs le vieillissement normal et pathologique.

Les personnes âgées sont surtout des femmes (3 pour 1 à 75 ans), car elles ont une espérance de vie plus élevée que les hommes (84,3 ans contre 77,5 ans).

 

Au niveau de la recherche, la vision du vieillissement comme déclin évolue, pour voir avant tout la personne âgée comme une personne.

Le vieillissement est un processus complexe où interagissent de nombreux paramètres opérant à des rythmes différents, tant sur le plan interindividuel qu’intra individuel, en fonction de facteurs liés tant à l’hérédité qu’au milieu et au dynamisme psychique de chacun.

Le vieillissement peut donc être appréhendé à plusieurs niveaux : biologique, social (rôles), psychologique (activité intellectuelle et motivations).

Le vieillissement cérébral est un déterminant majeur des modifications physiques et psychiques.

 

I- Biologie et vieillissement

 

1- Vieillissement cérébral normal

On nait avec un stock de neurones qui se mettent en lien et créent des réseaux grâce aux expériences réalisées. Certaines régions du cerveau sont spécialisées, et d’autres moins.

 

a) Les effets du vieillissement sur le système nerveux

- Atrophie du cerveau (diminution en poids et en volume). Cependant, on observe dans les pays industrialisés une évolution du cerveau.

- Mortalité neuronale.

- Apparition de différents types de lésions (plaques séniles, dégénérescences neuro-fibrillaires). Les personnes âgées apparaissent au niveau des noyaux des neurones, et surtout dans ceux de l’hippocampe (65% de la population des 70 ans). Les dégénérescences neuro-fibrillaires apparaissent dans le corps cellulaire et vont gêner le fonctionnement des neurones.

- Diminution de la neuro-plasticité (tout apprentissage se traduit par l’apparition de nouvelles dendrites, synapses et connexions), et donc, baisse des capacités d’apprentissage.

- Raréfaction et enrichissement dendritique (ce n’est plus vrai au-delà de 90 ans).

 

b) Les répercussions du vieillissement sur la sphère psychologique

La limite entre le normal et le pathologique est complexe, d’autant plus qu’on observe des profils de vieillissement très différents en fonction des modes et histoires de vie.

De façon globale, on observe :

- Baisse des performances intellectuelles et modifications générales du comportement.

- Certaines activités psychiques perdurent et d’autres disparaissent ou déclinent (baisse du traitement de l’information, baisse du temps de réaction).

- Différences interindividuelles au niveau des capacités.

 

Les programmes de stimulation cognitive amènent des bénéfices aux personnes âgées.

 

Conclusion

Le vieillissement a des effets sur la structuration des neurones, par destruction ou mort des neurones. On observe alors de grandes différences sur le plan nerveux et psychologique.

 

2- Vieillissement sensoriel

Les modalités sensorielles sont les 5 sens, et les récepteurs sensoriels les récepteurs de l’information. Certains vont résister mieux que d’autres à l’âge.

 

a) La perception et les 5 sens

Plusieurs domaines ne sont que peu atteint par le vieillissement :

- Odorat et goût : Légère augmentation du seuil perceptif

- Toucher : Augmentation du seuil perceptif sur la paume des mains.

- Douleur : Rien ne bouge, mais les maladies augmentent.

 

D’autres sont plus atteints :

- Perception de la température : Augmentation du seuil, surtout pour le chaud.

- Equilibre : Fragilisé.

- Audition et vision : Sont les plus sensibles aux effets du vieillissement, et affectent en particulier le langage (problèmes de communication, retrait, isolement). Les seuils perceptifs sont plus élevés. Sensibilité à l’éblouissement (dés 40 ans), difficulté dans la discrimination des couleurs, problèmes d’acuité, champs visuel qui se réduit.

 

b) Conséquences sur la sphère psychologique

Dans le vieillissement, la baisse de l’audition et de la vision entraine une privation sensorielle qui limiterait les stimulations environnementales, nécessaires aux activités cognitives. On observerait donc une diminution générale des activités intellectuelles qui seraient de moins en moins sollicitées.

 

Conclusion

Les sens sont également touchés par le vieillissement, et en particulier la vision et l’audition, ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur le plan psychologique et social.

 

II- Cognition et vieillissement

 

Le fonctionnement cognitif n’est pas directement observable, mais c’est à partir d’observations ou d’expériences que l’on va inférer des processus. Le vieillissement n’atteint pas toutes les fonctions cognitives de la même façon.

 

1- L’intelligence

a) Approche psychométrique

C’est une approche qui s’intéresse à la mesure de l’intelligence. Les échelles les plus les plus utilisées pour ces mesures sont celles de Binet (QI) et de Weschler (WAIS et WISC).

Le QI verbal reste stable dans le vieillissement, contrairement au QI performance qui baisse vers 45 ans et s’effondre à 70. Cependant, l’intelligence globale reste relativement stable jusqu’à 70-75 ans.

 

On voit apparaître une dissociation entre 2 types d’intelligence :

- Cristallisée : Elle fait référence aux savoirs scolaires et ne subirait pas les effets du vieillissement.

- Fluide : Elle est liée à l’apprentissage de contextes nouveaux et des activités de compréhension des relations entre des données nouvelles de nature spatiale ou verbale.

 

b) Approche développementale

Elle met en lien ce que vit l’individu dans son environnement et son développement.

 

Les personnes âgées fonctionneraient de manière sous-optimale, car comme leur environnement social se réduit, les possibilités de vivre des expériences variées et nouvelles baisse. Du coup, les stimulations de l’intelligence sont moins importantes, et l’intelligence perd de son efficience.

En effet, ce sont le statut social et les interactions sociales, essentiellement, qui sont susceptibles de donner du sens aux activités intellectuelles.

 

Du fait que la pensée formelle diminue avec l’âge, on pense que la personne âgée régresse. Comme c’est en lien avec les savoirs scolaires, et que la personne âgée est moins en lien avec ces savoirs, c’est à cause de ce manque de pratique que la pensée formelle diminue, ce qui ne veut donc pas dire que la personne âgée est moins intelligente.

L’intelligence répond à des situations concrètes auxquelles il faut s’adapter. Donc, la pensée de la personne âgée n’est pas moins performante, mais plus adaptée à son contexte environnemental.

 

 

 

Conclusion

L’approche développementale considère que c’est l’activité du sujet qui est constructrice de l’intelligence. Le développement de l’intelligence est en adéquation avec ce que je suis.

 

2- Le langage

C’est une fonction relativement bien préservée avec le vieillissement, car très en lien avec l’intelligence cristallisée. C’est une compétence liée aux conditions socioculturelles et le niveau d’éducation. Elle s’acquiert tôt dans l’enfance et se pratique tous les jours.

Cependant, la communication référentielle (2 interlocuteurs faisant référence à un objet commun), diminue avec l’âge, car la personne âgée aurait du mal à se décentrer, à intégrer le point de vue de l’autre.

 

Certains professionnels auraient tendance à parler aux personnes âgées avec un langage bébé. Or, les personnes âgées n’apprécient pas.

La « Nun Study » a montré que les personnes présentant un style avec une syntaxe simplifiée, présentent un risque plus élevé de développer une maladie d’Alzheimer plus tard.

 

3- La mémoire

C’est une fonction sensible aux effets du vieillissement dont les personnes âgées se plaignent. Pourtant, il n’y a pour l’instant pas de lien mis en évidence entre les plaintes mnésiques et un déficit de mémoire.

 

a) Structure de la mémoire

 

 

Mémoire court terme : Mémoire transitoire, maintient de l’information bref, capacité limitée en temps et en espace. L’autorépétition permet de conserver en MCT et de faire transiter l’information vers la MLT.

 

Mémoire long terme : Capacité illimitée en temps et en espace. Elle est composée de plusieurs mémoires :

- Procédurale : Stocke les informations correspondant à la connaissance de quelque chose. Elle permet de se rendre compte de l’acquisition d’habilité, comme faire du vélo.

- Déclarative : Stocke les informations liées au savoir-faire :

- Sémantique : Fait référence à la compréhension du langage et, de façon plus large, à la mémoire des connaissances générales que le sujet possède sur le monde.

- Episodique : Stocke les informations correspondant à un évènement particulier vécu.

 

b) Les fonctions de la mémoire

- Encoder l’information : Processus par lequel un fait, un évènement, est transformé en une trace mnésique. Plus on va enrichir la trace, plus elle sera importante.

- Traiter et stocker l’information

- Récupérer l’information

 

Pour faciliter la récupération chez les personnes âgées, donner des propositions peut être une solution, car le rappel libre diminue avec l’âge.

L’empan mnésique de 7 ± 2 ne bouge pas avec l’âge.

Faire plusieurs tâches en même temps devient difficile, d’où l’importance de laisser la personne âgée assimiler une information avant de lui en donner une autre.

L’efficacité de la mémoire long terme baisse, les personnes âgées vont être moins sur d’elles et avoir plus de mal à récupérer l’information, car elles ont un déficit d’inhibition, et apprennent plein d’informations en plus de celle qu’il faut enregistrer (problème d’encodage).

La mémoire sémantique est préservée, tout comme la mémoire épisodique (l’évènement oui, mais pas forcément la source).

 


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Publié dans Cours

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